Histoire et Origines des Croissants!
De la Lune à la Ligne Droite
Le croissant, symbole emblématique de la pâtisserie française, n’a aujourd’hui plus toujours la forme de demi-lune qui lui a donné son nom. Cette transformation soulève de nombreuses questions parmi les amateurs de viennoiseries et les défenseurs des traditions culinaires. Pour comprendre cette évolution, il est nécessaire de plonger dans l’histoire du croissant, ses origines, et les changements industriels et culturels qui ont façonné ce que nous consommons aujourd’hui.
Croissant Artisanal VS Industriel.
Les croissants, avec leur texture feuilletée et leur saveur délicate, sont appréciés sous de nombreuses latitudes. Pourtant, tous les croissants ne se valent pas. Entre les croissants artisanaux, faits main avec des ingrédients de qualité, et les croissants industriels, produits en masse pour répondre à une demande rapide, les différences sont notables. Une question revient souvent : pourquoi ne trouve-t-on plus de croissants avec leur forme historique en croissant de lune ? Cet article explore cette question en profondeur, en abordant les aspects historiques, techniques, sensoriels, et culturels.
Le Croissant : Histoire, Origines et Légendes
Le Croissant : Un Symbole Autrichien Déguisé en Français
S’il y a bien une pâtisserie emblématique de la France, c’est le croissant. Et pourtant, il est temps de rétablir la vérité : le croissant n’est pas d’origine française. Il serait en réalité autrichien. Avant de ravir nos papilles au petit-déjeuner, le croissant serait en fait une création de Vienne, en Autriche. Vous ne vous y attendiez pas ? Eh bien, mettez vos toques de détectives culinaires et suivez-moi dans cette enquête historique.
Pour comprendre cela, plongeons dans les ouvrages comme Le Turban et la Stambouline : L’Empire ottoman et l’Europe, XIVe-XXe siècle de Jean-François Solnon, La Grande Histoire de la Confiserie Pâtisserie Française de Sender Wayntraub et Marcel Derrien, ainsi que l’article de Franz Rainer intitulé Sur l’Origine de Croissants et Autres Viennoiseries. Préparez-vous pour une histoire complexe et fascinante.
Le Croissant est-il Vraiment Né à Vienne en 1683 ?
La Légende du Siège de Vienne (1683)
La légende la plus communément admise veut que le croissant soit né suite au siège de Vienne par les Ottomans en 1683. Vienne, alors siège du pouvoir des Habsbourg, est assiégée par les troupes ottomanes. Les boulangers viennois, qui se lèvent tôt pour préparer le pain, entendent les Turcs creuser des tunnels sous les murs de la ville. Un boulanger nommé Adam Spiel donne l’alerte, permettant de repousser l’assaut et de sauver la ville.
Pour célébrer cette victoire, les boulangers auraient créé une pâtisserie en forme de croissant de lune, symbole du drapeau ottoman. Bien que cette histoire soit souvent embellie, elle reste une partie intégrante du folklore autour de l’origine du croissant. Mais cette histoire est-elle vraie ?.
Selon Alan Davidson, cette histoire romantique ne repose pas sur des preuves solides. De plus, Bernard Sergent note que des pâtisseries en forme de croissant existaient déjà dans l’Antiquité. Le croissant viennois est-il alors réellement né en réponse à l’armée ottomane ? Mystère et boule de pâte !
L'Autriche et le Kipferl.
L’histoire du croissant commence en Autriche avec le Kipferl, une petite pâtisserie en forme de croissant de lune datant du XIIIe siècle. Consommé lors de fêtes religieuses et d’occasions spéciales, le Kipferl symbolisait les cycles lunaires et d’autres croyances symboliques. Les premiers croissants avaient effectivement la forme d’un croissant de lune, en hommage à la victoire autrichienne sur les Ottomans.
Une autre version existe et attribue l’invention du croissant, toujours en 1683 à un cafetier de Vienne, nommé Kolschitsky, lequel aurait récupéré des sacs de café laissés par les Turcs lors de leur départ précipité, et aurait eu l’idée de servir ce café accompagné d’une pâtisserie en forme de croissant en souvenir du départ de l’occupant…
Le Croissant a-t-il des Racines Slaves et Germaniques ?
Des recherches plus approfondies révèlent que des pâtisseries similaires existaient déjà avant 1683 dans les régions slaves et germaniques. En Bohême et en Hongrie, des « croissants » fourrés aux fruits étaient populaires, tout comme en Allemagne où les Kipferl faisaient partie du patrimoine culinaire. Ces pâtisseries en forme de croissant de lune, bien qu’ayant des variations locales, partagent des caractéristiques communes avec notre fameux croissant. On pourrait dire que le croissant est un peu comme le cousin éloigné de ces gourmandises d’Europe centrale, toujours prêt à faire la fête familiale des saveurs.
Je suis une écrivaine primée,
Une obsédée du petit déjeuner à plein
(Le croissant était un 8/10)
twitter et instagram à
@felicitycloake
Felicity Cloake indique que ces traditions ont probablement influencé la forme et la popularité du croissant moderne. Alors, le croissant a-t-il des racines plus profondes dans les cultures slaves et germaniques ?
Comment Marie-Antoinette a-t-elle Importé le Croissant en France ?
Marie-Antoinette et l'Introduction en France.
L’histoire du croissant en France commence en 1770, lorsque Marie-Antoinette, fille de l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse, arrive en France pour épouser le dauphin, futur Louis XVI. Dans ses bagages, Marie-Antoinette apporta les traditions de son pays à la cour française, croissants et autres pâtisseries viennoises inclus. Imaginez un peu la scène : la future reine de France, nostalgique de son Autriche natale, demandant à ses boulangers de recréer ces douceurs viennoises dans les cuisines royales. Rien de tel pour se sentir un peu chez soi, même à Versailles !
Une autre version situe des gâteaux en forme de croissant en France bien avant Marie-Antoinette . Dans l’inventaire du patrimoine culinaire français réalisé par le Centre national des arts culinaires, on découvre en effet la mention de « quarante gâteaux en croissant » servis à l’occasion d’un banquet offert par la reine de France ( Catherine de Médicis ) en 1549 à Paris. Il se peut que l’intention ait alors été de commémorer l’alliance quelques décennies auparavant de François Ier avec Soliman le Magnifique. Une histoire de diplomatie culinaire, en somme !
Évolution de la Forme du Croissant.
Comment les Boulangers Viennois Ont-ils Popularisé le Croissant en France ?
Cependant, ce n’est qu’au XIXe siècle que le croissant prit sa forme moderne, grâce à l’utilisation de la pâte feuilletée. En 1838, deux Autrichiens, August Zang et Ernst Schwarzer, ouvrent la première « Boulangerie viennoise » à Paris, rue de Richelieu. Le succès est immédiat, et leurs croissants deviennent très populaires. Cette boulangerie inspirera de nombreux imitateurs, contribuant à la diffusion des viennoiseries en France.
August Zang
Entrepreneur, banquier, éditeur, homme politique
(02/08/1807-04/03/1888)
La première recette de croissant réalisée avec de la pâte feuilletée n’apparaît qu’en 1905, suivie en 1920 par la recette du croissant au beurre. La viennoiserie est un succès qui entre dans le Larousse gastronomique dix-huit ans plus tard.
Du Croissant de Lune au Croissant Droit.
La forme du croissant a commencé à changer au début des années 1980 avec l’industrialisation de sa production. Les croissants droits sont devenus courants, simplifiant la fabrication en masse. Cette période a également vu l’apparition de beurres spécialisés, comme le beurre de tourage, et l’incorporation de lait dans les recettes, modifiant la texture et le goût des croissants.
Méthodes de Fabrication.
Les croissants artisanaux sont faits avec des ingrédients de base tels que la farine de haute qualité, le beurre fermier, la levure fraîche, le sel et l’eau. Le processus de feuilletage, qui consiste à incorporer du beurre dans la pâte en plusieurs étapes, nécessite du temps et de l’habileté. Traditionnellement, ces croissants étaient façonnés en forme de croissant de lune. En revanche, les croissants industriels utilisent souvent des mélanges de farines de qualité variable, des graisses végétales, des conservateurs et des additifs. La forme droite est plus facile et rapide à produire en masse avec des machines.
Le Croissant au XXIe Siècle
Industrialisation et Points Chauds.
Avec l’essor des points chauds et des boulangeries industrielles, la production de croissants a été standardisée. Les croissants fabriqués en usine utilisent souvent des additifs, des colorants et des stabilisants pour maintenir leur apparence et leur goût, conduisant à une perte de qualité et d’authenticité. Cette standardisation a aussi rendu la production plus rentable et plus accessible, au détriment des techniques artisanales.
Qualité et Expérience Sensorielle.
Impact Culturel et Économique.
Les croissants artisanaux sont perçus comme un symbole de l’expertise et du savoir-faire français, soutenant les boulangeries locales et les traditions boulangères. La forme en croissant de lune est une partie intégrante de ce patrimoine. Les croissants industriels, bien qu’accessibles et économiques, sacrifient souvent la qualité et l’authenticité au profit de la production de masse. La forme droite est plus rentable et s’adapte mieux aux chaînes de production et de distribution modernes.
Croissants Innovants
Les chefs boulangers expérimentent également avec des saveurs et des formes innovantes. On trouve désormais des croissants au matcha, au charbon actif, fourrés à des crèmes pâtissières variées, ou même des versions salées avec du fromage et du jambon. Ces innovations permettent de redécouvrir le croissant sous de nouvelles perspectives tout en respectant les techniques de base.
Conclusion.
Le choix entre un croissant artisanal et un croissant industriel dépend de plusieurs facteurs, notamment les préférences personnelles, la qualité des ingrédients et des techniques, et le soutien aux producteurs locaux. Les croissants artisanaux offrent une expérience culinaire riche et authentique, tandis que les croissants industriels privilégient l’accessibilité et la commodité. La question de la forme des croissants est aussi une question de tradition contre modernité. Pour les amateurs de saveurs d’antan et de produits artisanaux, le croissant artisanal reste inégalé, incarnant à la fois tradition et savoir-faire, y compris dans sa forme historique de croissant de lune.
Sources
• Jean-François Solnon, Le Turban et la Stambouline : L’Empire ottoman et l’Europe, XIVe-XXe siècle.
• Sender Wayntraub et Marcel Derrien, La Grande Histoire de la Confiserie Pâtisserie Française.
• Franz Rainer, Sur l’Origine de Croissants et Autres Viennoiseries.
• Alan Davidson, The Oxford Companion to Food.
• Bernard Sergent, Les Mythes et Légendes des Slaves.
• Larousse Gastronomique.
• Centre national des arts culinaires, Inventaire du patrimoine culinaire français.
Bravo pour cette article enrichie et sans nul doute bien documenté , intéressant et cultivant, continue et hâte d’en lire d’autres, presque envie de me mettre à la cuisine mdrrrrr .
Bonjour Électron libre, merci pour ton intérêt. Je débute et c’est encore de la mise en place du blog, donc une fois installer je devrais publier plus mais il y aura des vidéos en lien aux articles, pour corser le tout, donc faudra être patient, du coup cela te laissera te mettre a la cuisine hihihihi